Isabella Fürnkäs
Siamese Dreams, 2021
Installation vidéo, projection vidéo sur matelas, couleur/son, performance durable
12 min 47 sec
Edition de 3 + 1 A.P.
Courtesy de l’artist et WVK
Autrefois, nous dormions dans nos lits. Aujourd’hui, nous y vivons. La numérisation avancée a progressivement capitalisé sur cet espace intrinsèquement intime. Grâce à nos appareils mobiles, nous amenons le monde dans notre lit et, par la même occasion, nous nous exposons au monde dans notre lit. Le lit – peut-être le lieu de retraite le plus intime – devient ainsi de plus en plus une zone publique. Siamese Dreams se compose d’enregistrements filmés par l’artiste qui sont assemblés en un collage vidéo. Les gros plans de motifs quotidiens sont rendus étrangers par cette perspective macroscopique et reflètent une fascination pour l’absurdité du quotidien. À partir de cette succession apparemment arbitraire d’images et des émotions concentrées qu’elles suscitent, le caractère onirique de l’œuvre se déploie, s’attardant à l’interface entre le souvenir et l’oubli. Siamese Dreams crée un espace à la fois très personnel et accessible à tous. L’artiste expérimente les seuils entre le corps et l’imagination, l’inconscient et le conscient, l’individu et le public. Il ne s’agit pas tant de définir des frontières que d’explorer ces espaces liminaux et d’en faire l’expérience.
Texte de Paula Ursprung
Isabella Fürnkäs
Blind Land, 2018
Installation sonore, 6 douches sonores
Bassin d’eau noire, 6×3 m
13 min
Courtesy de l’artist et WVK
Une piscine noire apparaît en contraste avec deux interprètes tout de blanc vêtus. 6 douches sonores diffusent un paysage sonore depuis le haut, dans lequel se mêlent les voix des performeurs qui monologuent et dialoguent. Les performeurs se déplacent de manière stoïque et synchronisée, s’imitant l’un l’autre et ne se répondant que par un contact visuel. Telles des sculptures vivantes, ils se déplacent progressivement sur les bords de la piscine pour finalement plonger dans le bassin. Le processus oscille entre l’hésitation, la peur et le jeu. L’eau est abordée comme un élément inconnu, avec lequel les artistes interagissent, la traitant comme un adversaire fluide. Ils versent de la couleur noire dans le bassin pour teindre l’eau et se teindre eux-mêmes. La procédure révèle un caractère immersif des humains qui s’assimilent et disparaissent dans leur environnement, devenant volontairement ou involontairement partie intégrante d’un contexte aliéné. L’œuvre examine la transgression, l’aliénation et l’immersion. Il s’agit d’une réflexion sombre sur l’identité et l’isolement des temps modernes, dans une dimension à la fois technologique et sociale.
Texte de Maximilian Steinborn
Isabella Fürnkäs
The Desiring Machines, 2020
Installation sonore, 220 gouttes de verre suspendues, filet, environ 10x2cm, fond sonore d’Aphex Twin, texte prononcé par Moira Barrett
10 min
Courtesy de l’artist et WVK
The Desiring Machines est une installation sonore composée de 220 gouttelettes de verre soufflées à la main et suspendues à un filet de purée au plafond, dans un paysage sonore immersif à deux canaux. Chaque goutte de verre est unique et décalée à sa manière, certaines contenant des coulées de verre rubis rouge profond. L’artiste écrit : « Les corps de verre, composés comme un mouvement fixe dans l’espace, donnent l’impression d’un tissu social. Tout est imbriqué, tout coule ». Le spectateur est enveloppé dans un paysage sonore basé sur des extraits de la publication Anti-Oedipus (1977) de Gilles Deleuze et Félix Guattari. Un texte intentionnellement hypnotique et difficile à suivre sur les personnes « saines » et « schizophrènes » dans la société capitaliste – on ne sait pas très bien qui est qui. L’arc lyrique de l’œuvre explore la manière dont le désir peut être productif. Un voyage à travers le corps humain commence, de ses besoins et processus à la circulation banale des fluides corporels.
Isabella Fürnkäs (*1988, Tokyo, Japon) est une artiste franco-allemande qui travaille sur différents supports. Son œuvre comprend à parts égales de la vidéo, des installations multimédias, des performances et du dessin. Dans son œuvre à plusieurs niveaux, elle aborde les questions de l’intimité physique et spatiale, de l’influence de la numérisation sur les relations interpersonnelles et de la transformation des modes de communication sociale, tout en créant des changements contextuels qui font écho à nos propres vulnérabilités. Après avoir obtenu un diplôme universitaire en histoire de l’art et en philosophie, Fürnkäs a étudié à la Kunstakademie de Düsseldorf avec Keren Cytter et Andreas Gursky, où elle a terminé en tant que Meisterschülerin en 2017. Elle est lauréate du programme d’artiste en résidence du CCA en 2024 et de la résidence Schliemann des maîtres berlinois en 2022. Elle est boursière de l’Akademie der Künste Berlin et lauréate du premier prix du prix strike a pose K21 Kunstsammlung NRW en 2021.
WVK est une galerie d’art contemporain basée à Zug, en Suisse. La galerie s’engage à présenter un programme de jeunes artistes internationaux en début de carrière et considère l’art comme la source première d’exploration de la condition humaine.