Claude Closky
200 bouches à nourrir, 1994
Fichier numérique à partir d’un master analogique couleur, muet
Vidéo présentée exclusivement sur écran : TV, moniteur, tablette ou téléphone durée 5 min
Édition numérotée, prochaine édition, n° 6
Courtesy de l’artiste et Salle Principale
200 bouches à nourrir, c’est peu quand on connaît l’immensité des besoins à couvrir, et pourtant déjà un marché pour les professionnels de la communication, les industriels et autres magiciens de la société de consommation. Se nourrir, dit-on, serait un acte pauvre, un lieu commun mais aussi un double geste culturel de survie et de sociabilité, un acte paradoxalement vide et obscène, qui indexe simultanément le corps réel et le corps social et qui signifie parfois le luxe, souvent le plaisir, toujours la nécessité. Face à ce vertige d’images et de figures possibles, de constructions virtuelles, face à tout ce que ce non-événement peut produire de sens, de littérature, d’études, bref de sémiologies, la machine à dérouler les signes de Claude Closky intervient à l’endroit d’un degré zéro, d’un trou physique et fantasmatique : la bouche comme prolongement du regard, de l’oralité et de la pulsion scopique.
Ce corpus, constitué à partir d’un ensemble d’une dizaine d’heures de publicités enregistrées en même temps, s’articule donc autour d’un principe de travail extrêmement strict : sectionner l’image entre deux points précis, entre le moment où l’objet est porté à la bouche et celui où il est absorbé. À travers ce catalogue de gestes, l’absurdité de cette règle du jeu, Claude Closky met en perspective, avec une parfaite économie, l’ironie de son propre exercice de montage, le trouble et l’inconfort de la répétition – quand chaque image, aussi insignifiante soit-elle, se retourne sur elle-même – et enfin l’étrangeté intensive, rythmique et fictionnelle de ces images déjà-vues.
Stéphanie Moisdon
Claude Closky
Brrraoumm, 1995
Moniteur, dvd, lecteur dvd, muet, boucle
Vidéo présentée exclusivement sur écran : TV, moniteur, tablette ou téléphone
Édition numérotée, prochaine édition, n° 7
Courtesy de l’artiste et Salle Principale
Après le journal télévisé, le film à gros budget.
Claude Closky
Photos, 1994
Fichier numérique à partir d’un master analogique
Couleur, muet
Vidéo présentée exclusivement sur écran : TV, moniteur, tablette ou téléphone durée 8 min
Édition numérotée, prochaine édition, n°4
Courtesy de l’artiste et Salle Principale
Cette vidéo est formée d’une série de plans fixes qui constituent un album de portraits. En faisant des arrêts sur image, j’ai extrait des photos de publicités télévisées d’adultes et d’enfants qui nous regardent dans les yeux. Face à ces images, le spectateur est pris en otage, comme s’il faisait partie de cette famille et qu’il avait lui-même pris les photos.
Claude Closky
Mes 20 minutes préférées, 1993
Fichier numérique à partir d’un master analogique couleur, vidéo muette présentée exclusivement sur écran : TV, moniteur, tablette ou téléphone durée 20 min
Édition numérotée, prochaine édition, n° 6
Courtesy de l’artiste et Salle Principale
Des codes qui se télescopent. Derrière le code temporel se cache un code formel : la répétition des chiffres. Un signe du destin, le moindre indice, un sourire arithmétique qui prend au piège la mesure du temps. Une coïncidence aussi heureuse qu’insignifiante. Le temps libre. Du temps pour le plaisir du temps. Une heure à consommer comme une pure chronologie. Le temps comme signe de lui-même, ou signe des temps. C’est le principe même du destin, de l’horoscope, de l’espérance bientôt oubliée.
Olivier Zahm
Jean-Baptiste Perret
Le Quotidien, 2022
Vidéo HD et son stéréo, couleur, 16:9, 6 min 55 sec, boucle
Édition de 5 + 1 E.A.
Courtesy Salle Principale
Tourné dans les gorges du Haut-Allier, Le Quotidien (2022) est le portrait d’un homme qui a choisi de vivre seul et à l’écart de la société humaine, dans une cabane à l’orée d’une forêt. Le vidéaste capte ses gestes quotidiens, liés aux besoins essentiels de l’être humain : boire, manger, se laver, réparer, recommencer. Le film s’inscrit dans une recherche plus globale sur les parcours de vie de personnes qui développent des rapports singuliers au temps, à la vie et à l’économie.
Jean-Baptiste Perret
Le Sorbier des oiseleurs, 2018
Vidéo HD et son stéréo, couleur, 16:9, 5 min, boucle
Édition de 5 + 1 E.A.
Courtesy Salle Principale
La vidéo Le Sorbier des oiseleurs (2018) montre un homme faisant un appeau et appelant dans le brouillard. L’artiste utilise une technique traditionnelle pour entrer en contact avec les espèces d’oiseaux. Il détourne cette technique pour la relier à une histoire locale qui raconte comment les bergers, menant leurs troupeaux dans un brouillard épais, rassuraient les fermes en contrebas en produisant des sons clairement identifiables. Cette vidéo explore de manière poétique les modes de communication originaux déployés dans ces terres froides du Massif central où la solitude des êtres est constamment confrontée à la puissance du paysage et à la présence des animaux.
Jean-Baptiste Perret
La trappe, 2018
Vidéo HD et son stéréo, couleur, 16:9, 3 min 30 sec, boucle
Édition de 5 + 1 E.A.
Courtesy Salle Principale
La vidéo La Trappe (2018) montre une nature immaculée, dans laquelle des personnages solitaires évoluent au rythme des saisons, s’exprimant avec parcimonie. Son œuvre filmique, sobre et méditative, oscille entre documentaire et fiction, restituant des instants de vie dont les compositions par croquis évoquent la peinture des primitifs flamands. Dans La Trappe, le vidéaste suit un chasseur progressant dans la neige autour d’un piège à oiseaux, à l’affût de la vie qui l’entoure. L’homme est un ouvrier agricole qui tente de se reconstruire après un burn-out. Au cours des échanges avec l’artiste, il nous a confié sa vulnérabilité et a tenté de trouver des moyens de guérir ses douleurs psychologiques et physiques.
les gens d’Uterpan (Franck Apertet)
Video (I see), 2022
Vidéo HD, couleur, 16:9 3 min 60 sec, boucle
Édition de 5 + 1 E.A.
courtesy Salle Principale
Un plan manuel fixe du visage d’une personne assise énonçant un texte non divulgué.
Elsa Werth
Day after Day, 2023
Pièce sonore en boucle
Édition de 3 + 1 E.A.
Courtesy de l’artiste et Salle Principale
Jour après jour après jour après jour …
Elsa Werth
Business, 2023
Pièce sonore, 4 min 20 sec
Édition de 5 + 1 E.A.
La pièce sonore Business est construite à la manière d’une chanson dont les paroles renvoient avec ironie à la financiarisation des rapports sociaux et à la monétisation des échanges entre les individus.
Pour le Salon immatériel, Salle Principale présente quatre vidéos de Claude Closky, trois vidéos de Jean-Baptiste Perret, une vidéo des gens d’Uterpan et deux pièces sonores d’Elsa Werth.
Avec le soutien aux galeries / exposition du
Centre national des arts plastiques
Claude Closky n’a pas reçu de formation formelle en tant qu’artiste visuel. Il entre à l’ENSAD (Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs) en 1982 mais quitte l’école à la fin de la première année pour co-fonder les Frères Ripoulin, un collectif d’artistes de rue. En 1988, il quitte le groupe pour développer un travail indépendant, utilisant des moyens volontairement pauvres comme le dessin et l’imprimé.
A première vue, l’œuvre de Claude Closky est essentiellement immatérielle. Le langage est son modèle pour articuler les images, les textes, les nombres et les sons collectés dans notre environnement ou fabriqués dans son atelier. Réticent à la production d’objets et d’effets spectaculaires, le travail de Closky n’en aborde pas moins les questions de la visibilité et de l’appropriation de l’espace.
Les projets de Claude Closky trouvent toujours des voies alternatives pour s’émanciper des formats imposés par les lieux où ils sont exposés. Il cherche à pointer les contradictions de notre société contemporaine et de ses représentations, mais aussi à questionner le rôle de l’art en tant que producteur d’un consensus culturel et d’un ensemble de valeurs. Ses œuvres confrontent et interrogent notre environnement, les conditions et les bénéfices de la production artistique, sa relation au public.
Après des études scientifiques en écologie, Jean-Baptiste Perret travaille plusieurs années dans la protection de l’environnement. Diplômé en 2018 de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Lyon, il poursuit son intérêt pour l’environnement rural à travers une pratique cinématographique composée de films et d’installations vidéo. Sa pratique s’intéresse à la question du soin, de la vulnérabilité et de l’autonomie. Son approche est basée sur l’enquête documentaire et utilise des méthodes issues de l’anthropologie qui questionnent les critères d’objectivité. Prenant ses distances avec les récits officiels, il s’intéresse aux individus et à leurs propres visions du monde. Jean-Baptiste Perret filme des personnes qu’il rencontre dans des situations quotidiennes ; il s’intéresse à la forme de leur quotidien, à leur environnement, à leurs habitudes, à leurs compétences.
Le travail de Perret a notamment été présenté à l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne dans le cadre de la 15e Biennale de Lyon, au Musée d’art contemporain de Lyon, à la Fondation Ricard (Paris), au Musée de la Chasse et de la Nature (Paris), à la Chapelle Saint-Jacques (St. Gaudens), l’Institutnational d’histoire de l’art (Paris), le Festival international du film de Marseille (FIDMarseille), le FestivalHors-Pistes Centre-Pompidou, les États généraux du documentaire de Lussas, et plus récemment au Salon de Montrouge.
les gens d’Uterpan ont développé un ensemble de travaux en collaboration qui engagent un dialogue critique entre les arts de la scène et les arts visuels. En intervenant ou en s’adaptant à différents contextes d’exposition, ils ont introduit de nouvelles manières de présenter, de créer et d’expérimenter la danse. Ce faisant, ils ont redéfini le rôle et la pratique du danseur en tant qu’interprète. Leur compréhension de la présence physique met en évidence le rôle du spectateur et du chorégraphe dans le processus chorégraphique. Expérimentée dans des collaborations innovantes avec divers associés culturels, leur approche inclut, en tant que composante artistique intégrale, les facteurs financiers et économiques qui régissent leur travail.
Elsa Werth développe un travail aux formes multiples : installations, sculptures, vidéos, livres d’artistes et pièces sonores. L’économie du travail et les manières de travailler constituent le contexte à partir duquel sa pratique artistique se déploie. Elle prend en compte les actions ordinaires, les gestes quotidiens liés aux activités et aux rituels contemporains en les désignant et en les déstabilisant par des opérations de déplacement, de contre-emploi et de perturbation.
Avec une réelle économie de moyens, elle revendique des productions anti-spectaculaires comme tactiques de résistance. Ses matériaux de travail sont ceux qui constituent la réalité : les objets, les mots, les formes et les signes avec et par lesquels nous vivons. Des choses communes dans tous les sens du terme : communes parce qu’elles sont ordinaires, communes parce qu’elles sont partagées.
Elle a reçu le 23e prix de la Fondation Pernod Ricard pour l’art contemporain en 2022 et le prix Humankind Leo Burnet en 2013.
Son travail a été présenté lors d’expositions personnelles à Bloom (Düsseldorf), Entre Deux Portes (Bruxelles),Interface (Dijon), Centre d’Art de l’Onde (Vélizy-Villacoublay), Centre des livres d’artistes (St Yrieix-la-Perche), Lendroit Éditions (Rennes), Primo Piano (Paris), Galerie Martine Aboucaya (Paris), Galeriemfc-michèle didier (Paris), Bazar Compatible program (Shanghai) et Duplex/Walden (Genève).